Il était une fois
Ernest ?
Dans mes souvenirs deux personnages portaient ce prénom dans mon village.
Il y avait le grand monsieur au béret noir
et au tablier bleu qui couvrait pantalon et chemise à carreaux.
Ce grand monsieur calme et peu bavard qui,
derrière sa petite maison sur trois niveaux : un deux trois soleil !
allait dans son jardin voir pousser ses salades.
Ce grand Ernest D. avait une toute petite femme,
tablier gris et chignon blanc.
Elle ne marchait pas, elle trottinait ;
ses pieds chaussés de pantoufles grises comme son tablier,
roulaient tels patins à roulettes, glissaient tels mini skis.
Elle souriait toujours et comme son grand mari
répondaient toujours à mon petit bonjour par un grand sourire.
Ernest D. était un personnage important dans le village.
On l’aimait bien et on savait tous qu’un jour on aurait besoin de lui.
Ernest D. en face de sa maison avait son atelier.
Un atelier plein de poussière à la bonne odeur.
Hum !...je sens encore cette odeur de forêt,
les grands sapins des forêts de Chartreuse
étaient allongés en haut sur le plancher,
débités en longues planches…
Ernest étaient menuisier, ébéniste.
Et Ernest faisaient de belles tables de cuisine, de beaux buffets
mais aussi les grandes boîtes sculptées en chêne ou toute simples en sapin.
Ernest fabriquait les cercueils de tout le village.
On l’aimait bien Ernest et on respectait sa grande fonction.
Il était croyant Ernest, tous les dimanches il allait à la messe,
c’était le copain de mon grand père maternel :
Ernest et Lucien étaient de bons amis,
après la messe ils s’arrêtaient au p’tit café de ma grand-mère (paternelle)
et, tout en parlant du sermon,
du monde dans l’église, des enfants ils buvaient un petit « blanc limé ».
Ernest n’avait pas ce jour là son grand tablier bleu et son béret,
il avait mis son costume du dimanche mais…
il sentait toujours le bon parfum de son atelier.
En vous racontant cette histoire je pense à ma grand-mère aimée de tout le village,
à ma grand-mère qui me disait de bien dire bonjour à Monsieur Ernest
Cette grand-mère qui avait tant de fonctions dans le village et dans mon cœur !
Et je vais vous dire un secret c’est elle, qui dans notre village habillait les morts…
(Je voulais aussi vous parler de l’autre Ernest
et puis des timbres qu’on allait vendre après l’école : antituberculeux, jeunesse au plein air…
un autre jour je vous dirai tout ça, ne vous inquiétez pas, c’est dans ma tête ça ne s’envolera pas !)
Commentaires
1 jill bill Le 11/06/2014
jamadrou Le 11/06/2014
2 ABC Le 11/06/2014
Les souvenirs d'enfance sont si riches que l'on n'en oublie jamais ni l'odeur ni la saveur, ne furent-elles qu'affectives...
jamadrou Le 11/06/2014
3 josette Le 11/06/2014
jamadrou Le 11/06/2014
4 Claire Fo Le 11/06/2014
Merci!
jamadrou Le 11/06/2014
5 Frieda Le 12/06/2014
Ces personnages qui ont marqués l'enfance
et l'imaginaire
Bonne journée
Frieda
jamadrou Le 12/06/2014