Pour Mil et Une : atelier d'écriture en ligne
sujet semaine 51, clic
L’heure de la soupe
Une photo, une odeur, un bruit de cuillère, un cri de violon
et les souvenirs que je croyais passés sans crier gare, resurgissent.
Passés, oui mais à travers moi.
Déjà à l’instant où petite je les avais vécus,
je savais qu’ils seraient importants
et je pressentais qu’ils resteraient gravés sur les microsillons de mon cœur.
L’heure de la soupe…
Toujours cette même soupe
et l’odeur poireaux/pommes de terre qui me donnait des frissons.
« Mange ta soupe. »
« Finis ta soupe. »
Moi, j’aurais voulu tout autre chose.
Une attention particulière,
Ou une chose différente chaque soir ?
« Trop chaude »
« Souffle »
« Pas faim »
« Mange… »
Chacun avait fini, j’étais toujours là perdue dans le jardin potager
au milieu des poireaux des pommes de terre du persil des blettes et des carottes.
J’étais un petit lapin, je les croquais tout cru ces grands poireaux,
je grignotais quelques carottes, j’étais libre de manger ce qui me plaisait.
« Mange ta soupe ou tu n’auras pas de dessert. »
Pfttt…le dessert, toujours le même aussi :
une tome fraîche (faisselle de fromage blanc maison)
une cuillerée de crème, une petite pluie fine de sucre
Ou une pomme du verger.
Là aussi pas de grande originalité.
Alors le dessert, moi je n’en avais rien à faire !
Exaspérés, les parents eux ne savaient que faire !
La colère ? Je m’en moquais tralalère,
Les leçons de moral ? J’écoutais « sans broncher » mais
je savais bien que des petits affamés avec ma soupe se seraient régalés.
Quand je l’expliquais et que je proposais toutes mes soupes du soir à un p’tit pauvre,
les parents me disaient de me taire, de ne pas répondre et me trouvaient insolente…
Je n’avais pas envie de cette soupe.
Tête de mule j’étais et quand bien même j’aurais pu la manger par faim ou pour faire plaisir,
ma fierté de « tête de mule insolente » me disait : « résiste, tu vas casser ton image ! »
Mais certains mardis (de vacances peut-être ?) je mangeais toute ma soupe, vite fait bien fait.
Je débarrassais et nettoyais la table.
Et alors ? Et alors ?
En famille, après que maman ait couché les deux plus petits,
assis tous autour de la table,
nous avions « le droit » mon frère et moi de rester pour écouter à la radio,
« Les maîtres du mystère. »
Vous vous rappelez, au début de mon histoire, je vous parlais du cri du violon…
Ah ! Cette musique du générique,
elle me donnait des frissons autrement meilleurs que ceux de l’odeur de la soupe aux poireaux !
Une heure de pur bonheur, tremblements et peur bien en sécurité entre père et mère.
Des planchers qui craquent, des portes qui grincent, des bruits de pas dans les couloirs.
Je ne comprenais pas tout mais ça n’avait aucune importance.
Nous étions en famille et j’étais bien.
Une histoire qui fait peur
Frère et parents avec moi
Ventre plein
Oui, tout était bien.
jamadrou le 18 déc.
Commentaires
1 josette Le 18/12/2014
bisous Jamadrou je pars préparer la soupe...
jamadrou Le 18/12/2014
2 Kastor Le 18/12/2014
il est vrai que beaucoup d' enfants essaient de toujours ressembler à l'image que l'adulte se fait d'eux.
adultes attention!!
jamadrou Le 18/12/2014
3 emma Le 20/12/2014
jamadrou Le 20/12/2014
4 timilo Le 23/12/2014
Maintenant j'apprécie
Douce journée Jamadrou
Bisous
timilo