Il était une fois un versificateur

Il était une fois un versificateur, un poète rêveur et un lecteur savant de versets.

Ils étaient tous les trois assis sous le charme.

Chacun avait déjà beaucoup œuvré

en se penchant sur son propre arbre pour chercher ses propres racines.

Le lecteur des versets aurait voulu remonter jusqu’à la création du monde

pour comprendre ce qu’il faisait ici sous le charme.

Le poète rêveur voulait trouver la mer qui l’a vu naître

puis trouver son île pour planter son arbre.

Ce charme qui puiserait la vie avec ses racines

qui ne pousserait que d’air du temps et d’eau fraîche

et qui offrirait son ombre propice à la rêverie.

Le versificateur était sérieux, composait ses vers avec méthodologie et précision.

Pour lui c'est la musique des mots bien écrits

qui lui apporterait, c’est certain, la source claire.

Ils étaient là en train de palabrer quand un grand coup de vent,

violent et intempestif s’abattit sur le charme et le déracina.

L’orateur aux versets, très inquiet,

rassembla tous ses versets, ses paroles sa bible

et couru dans un endroit secret et sûr pour protéger tout ça.

Le versificateur pris ses rimes, ses pieds son crayon sa gomme

son long travail bien accompli et s’enfuit se mettre à l’abri.

Le poète se mit à pleurer, le charme rompu le fit souffrir.

La pluie, la tempête se mélangèrent à ses larmes,

il se mit à parler au charme allongé, racines à l’air.

C’est alors que le charme opéra un miracle.

Il dit au poète rêveur : 

« j’ai une petite pousse nouvelle perdue entre mes racines,

cherche la, prends la elle est à toi. Tu la planteras sur ton île,

tu auras le charme de celui qui murmure aux racines des arbres. »

Le poète rêveur l’écouta

et s’endormit dans les ramures du grand charme,

à l’abri de son doux feuillage.

Tôt le matin, le soleil était de retour.

Le poète rêveur heureux repartit,

son charme nouveau sous le bras

et sa tête complètement  illuminée par cette aube radieuse.

Jamadrou le 15 novembre 16h