Je vous avais dit qu’ici je ne mettrai pas mes soucis
et pourtant je vais poser ici une divagation triste de mon âme.
Triste mais respirée et gonflée par le souffle d’une amitié
qui a fait le choix de s’envoler : sa seule possibilité de liberté.
Délicatement je vais poser mes pensées,
je sais que tant d’autres connaissent une histoire semblable.
Tu lui avais tout donné
Ton expérience et ton passé
Ton accent et ton pays
Tes goûts ton originalité.
Pour lui tu avais tout quitté
Tu y as cru à cette vie à deux
Loin des tiens, de ton identité.
Vous avez été heureux.
Tu essayais d’oublier ton passé
Une jolie petite fille est née
Alors après avoir laissé couler
Tant d’eau sous le pont
Vous êtes revenus à Ta source
Mais ici la vie n’avait plus le même goût
Tu n’avais plus le goût de ta vie.
La famille les amis les images avaient disparues
La saveur du miel des cerises des pastilles vichy
S’étaient dissipée dans l’air du temps.
Tu as erré quelques années
Nous avons essayé de renouer
Le nœud défait.
Ta petite m’a fait rire m’a conquise
Mais ton jeune et bel amour
Tournait dans ce monde inconnu
Beaucoup voletaient autour de lui.
Alors plus personne
Même pas ta jolie petite
Plus rien n’a pu te retenir.
Sur ce pont tu es monté
De ce pont tu as sauté
Dans l’eau tu t’es jetée.
Tu as voulu remonter jusqu’à ta source
Et là tu es arrivée
Tu as réussi.
J’ai tant pleuré sur moi-même :
Je n’avais rien vu
Je n’avais pas pu
Je n’avais pas su
Je m’en suis voulu
Ces larmes tombent encore dans la rivière
Rivière de diamants
Rivière de ta vraie liberté.
Comment ta petite vit-elle son torrent d’absence ?
Comment va-t-elle remonter sa rivière ?
Quel reflet voit-elle dans son eau ?
Comment va-t-elle recoller
les morceaux de son miroir brisé ?
Les rivières de chacun coulent
Mais aucune rivière n’est semblable
Pourtant elles se jettent toutes un jour à la mer.
Sur la pierre grise de ta tombe un jour j’ai tant pleuré
D’avoir naïvement espéré
que toutes les rivières coulaient facilement vers la mer.
JD. Le 5 avril 3h
(Photo Emma)
Un jour j’ai vu una photo un dessin, émotion, interrogation, question.
Le message je l’ai lu rapidement :
Petite fille, orphelinat, mère décédée, conflit guerre odieuse, toute seule.
J’ai voulu malgré tout voir une petite couleur d’espoir.
Raconter, à ma façon, ce qui me bouleverse, c’est me raconter l’insoutenable pour l’écrire
et vous le donner peut-être à lire.
C’est me soulager moi-même du poids de l’immensité des douleurs humaines.
En voyant cette photo j’ai pensé : « satanée guerre, que faites-vous de nos enfants ? »
Et puis ici j’ai vu toute la créativité de cette enfant, de cette petite fille :
elle a su dessiner une jolie et grande maman
avec le sourire écartant les bras pour recevoir.
Elle a su trouver les bonnes proportions pour pouvoir se lover sur le cœur de sa maman,
elle s’est déchaussée comme pour entrer dans sa chambre ou dans un sanctuaire.
Petit fœtus blotti dans ce qui lui reste : l’image d’une douce maman.
Cette enfant a fait tout ça, elle a eu cette force
elle trouvé la porte du rêve.
Elle a trouvé comment pouvoir retrouvé le sommeil,
elle n’est pas prostrée dans le coin d’une pièce sombre fermée hochant la tête de désespoir.
J’ose espérer qu’avec cette créativité qui l’habite
elle va pouvoir affronter sa vie,
dans le désespoir elle trouvera peut-être sa lumière.
Mais peut-être que ce dessin a été tracé par un adulte de l’orphelinat?
S’il en est ainsi, elle semble bien aidée.
Cette enfant voudra embrasser sa maman,
elle essaiera de l’enlever de ses rêves pour pouvoir être serrée par ses bras.
Une vie ne suffira pas, cette petite fille va devoir continuer à rêver sa maman
pour grandir jusqu’au moment où elle pourra la toucher.
J’imagine de tout mon cœur qu’elle continuera à dessiner
puis à écrire
puis à partager son chagrin…
JD. Le 5 avril 16 h
Commentaires
1 jill bill Le 06/04/2013
jamadrou Le 06/04/2013
2 emma Le 08/04/2013
jamadrou Le 08/04/2013
3 JC Le 13/11/2014
jamadrou Le 13/11/2014