Il dispensait, à celui qui se racontait, des trésors de bienfaits.
Il savait écouter et trouvait toujours le flacon ou la tisane
qui correspondait au vertige de ses « patientes »
Il avait rarement d’hommes comme clients.
Les hommes ne savent pas (ou n’osent pas dire qu’ils savent…)
qu’il y a des jardins où on cultive les sentiments.
Des jardins qu’on doit entretenir avec beaucoup d’assiduité et de patience,
de régularité, d’amour et d’attention.
Et Mr Bonnepoire, en plus d’être épicier, est jardinier expert en beaux sentiments.
Dans un coin du jardin, mélangés aux herbes folles,
il fait pousser, en plus, quelques graminées de mauvais sentiments.
Il en a dans le fond de sa boutique qu’il conseille aux naïfs,
aux éternels bons, bien gentils, qui ne savent jamais dire non.
Il pense que les « bons sentiments » de nos jours ont un usage un peu déprécié ;
quand on parle de « bons sentiments »,
l’expression est devenue résolument péjorative !
Il raconte à qui veut bien l’entendre
que cet appel aux bons sentiments à longueur de journée
est juste fait pour rendre l’homme responsable de tous les désastres de la terre
alors certains, réagissent
et cet appel aux bons sentiments reçoit de nombreuses attaques.
De grands penseurs il y a longtemps déjà,
avaient ouvert le feu contre la bêtise sentimentale,
contre ces effluves à courte vue,
des tendresses, effusions et ivresses affectives.
Alors Mr Bonnepoire,
qui a du souffrir de son trop plein ou de son manque de tendresse
essaie de vendre, aussi, le détachement.
Nul besoin d’avoir de bons sentiments ;
le bienheureux doit avoir des joies immenses,
aimer le juste en soi et pour soi, et le Beau pour le beau…
Cet épicier des sentiments, en bon épicier, aime le détail.
Il scrute le cœur et l’âme de ses clientes
et à certaines vendra du vrai, bon sentiment et à d’autres le contraire.
Pas de beaux sentiments puérils,
pas de poudre à faire le bien
mais un juste dosage de poudre de perlimpinpin
qui pourra rendre la liberté à l’affectivité
et apprendre à aimer simplement
et à détester sans aucun état d’âme.
Étrange épicier qui vend les sentiments
en s’adaptant à la tête et aux confessions de son client.
Que propose-t-il comme senteur à cette jolie femme
qui apparemment lui à taper dans l’œil ?
Beaux, bons, drôles ou mauvais sentiments ?
Jamadrou
Commentaires
1 josette Le 25/03/2014
jamadrou Le 25/03/2014
2 almanito Le 25/03/2014
Mieux vaut quelques bons sentiments un peu naïfs que pure méchanceté...
jamadrou Le 25/03/2014
3 jamadrou Le 25/03/2014
Comme elle est coquette je vais dire beaux.... Mr Bonnepoire ai-je bien vu ?
Mony
Drôles ? Car l'adage dit : une femme qui rit est à moitié dans ton lit.
emma
et dans quelle catégorie range-t-il les sentiments coquins ? un beau personnage ce monsieur Belle poire, dont le nom fait penser à Monsieur patate des livres d'enfants, et la fonction aux herboristes d'autrefois qu'on a réussi à tuer, dont la boutique était aussi parfumée et romantique, une jolie lecture de la peinture, Jama
Alexandre B.
J'aime bien l'idée qu'on puisse cultiver les bons comme les mauvais sentiments ! Très bon texte !
Josette
un épicier qui vend à la tête du client !
4 Carole Le 25/03/2014
jamadrou Le 26/03/2014