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Lettre à Bonnard

délire proposé par Miletune.

 

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Ici, août 1946

 

Mon doux mon tendre, le peintre de mon âme,

 

Oh ! Si vous saviez ce que je viens de vivre !

Te souviens-tu (ici mon ami je Veux te tutoyer)

Te souviens-tu de cette longue promenade dans la lande Bretonne sur cette pointe du bout du monde ?

Tu me tenais tendrement la main, mon ombrelle se retournait chaque fois que mon cœur battait la chamade poussé par ce vent d’amour.

Tu ne parlais pas.

Je voyais dans tes yeux comme une palette lumineuse de couleurs,

les bruyères se dessinaient et se coloraient dans ton regard,

je crois même que je t’ai vu cligner des yeux, tu étais en train d’immortaliser ce moment divin…

La mer de bruyère ondulait,  je sentais monter un étrange vertige.

Ces plantes rases mais fragiles, ces plantes qui résistent vaillamment  à l’assaut du temps, 

ce dégradé de parme et de gris, c’était les petits instants d’amour volés à Marthe. Nous étions si bien.

Les critiques diront de ta peinture des bruyères : « osmose avec la nature »

Moi,  je la sentais cette osmose d’amour et ton bras protecteur m’a bien gardé de la pâmoison.

Mon ami j’arrive à ces faits qui m’ont tant troublée.

La nuit dernière, en famille nous étions là-bas dans notre nid de bruyères.

Il y avait les enfants, mon mari, des amis. Nous étions quatorze mais j’étais seule avec toi.

J’ai entendu Paul dire à ses amis : « ne vous inquiétez pas elle fait un peu de neurasthénie »

Je sentais ta main sur la mienne, le vent passait dans mes cheveux,

c’était tes tendres baisers d'alors,  dans mon cou.

Nous attendions ces feux qui devaient clore en beauté la fête des bruyères.

Feu d’artifice !

Tu dois connaître cette poudre magique qui offre des étoiles à la foule.

Toi qui as su m’aimer nue sans tous ces artifices de la vie mondaine,

Toi qui as su rendre à mon coeur le courage de réapprendre l'amour

écoute bien ce qui nous est arrivé ce soir.

Sous les applaudissements et la joie des enfants

les derniers bouquets dans le ciel nous ont tous éblouis.

C’est alors qu’on vit,  dans la lande,  une lumière rouge immense.

La lande brûlait.

Notre lande, nos bruyères, notre amour partaient en fumée, le rouge, le noir et les cendres.

J’ai vraiment cru mourir.

Oh ! Mon tendre mon doux ami comme vos bras m’ont manqué!

Une larme vient de tomber…je suis si malheureuse.

« Votre douceur sucrée » pour l’éternité.

Commentaires

  • Jean Marie

    1 Jean Marie Le 30/08/2013

    1946! elle datte cette lettre
    "les douceurs sucrées" d'aujourd'hui envoient des SMS...
    A+
    Jean M
    jamadrou

    jamadrou Le 30/08/2013

    coucou JM, vous ici ? Par quel hasard? SMS.............. et alors que fais-tu de la poésie jeune homme?
  • jill bill

    2 jill bill Le 03/09/2013

    Lu sur Miletune... J'aime bien le petit nom donné en signature.... ah il est des amours qu'on ne peut oublier dans le temps.... Jill
    jamadrou

    jamadrou Le 08/09/2013

    Jill, premier amour marque à jamais et pour toujours...
  • mamgoz

    3 mamgoz Le 05/10/2013

    Avant d'allumer un feu d'artifice, il faut savoir d'où vient le vent......
    Et souvent le vent tourne..
    Attention bel amant, l'été passe vite, tout comme un feu d'artifice!!
    Douceur sucrée... J'Adore....
    Bonne nuit Jamadrou

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