Hôtel du Paradis?

16 septembre 2013

 

Dimanche matin Canal St. Martin
Je passais mon chemin
L'air déjà était vif et froid
À l'écluse une péniche attendait
Chaland nonchalant
Les arbres du square
Se teintaient d'automne
Il faisait froid déjà
Je marchais vite
Et je l'ai vu sur son cheval
Il avançait fier et hautain
Sa longue toge sur les épaules
Volant au vent d'un Paris
Brumeux et gris
Il levait les yeux au ciel
Et pourtant il a vu ce pauvre hère
Grelottant et tremblant
Assis sur le trottoir
L'âme en peine.
Il a freiné sa monture
Sorti sa grande lame
Et pourfendu son beau manteau
Une moitié a donnée
À ce pauvre désespéré
Puis à repris le cours de sa quête
 
Sur son grand destrier
Quand il est arrivé à ma hauteur
Il m'a regardée cet homme au grand cœur
Regard sévère un peu réprobateur.
Au lieu de l'imiter et donner
Au pauvre hère une moitié
De ma bourse de mon écharpe
Je l'ai droit dans les yeux
Questionné ce valeureux
Une question trois réponses
 
-Monsieur ?
 
-Martin, je suis Martin
 
-Martin, pourquoi ne donner que la moitié de ton manteau ?
 
-J’ai peut-être coupé en deux  mon manteau car l'autre n’est pas très fort, et aurait été empêtré d'un trop grand manteau il se serait pris les pieds dedans et blessé aux genoux qui sait...
-J’ai coupé mon manteau en deux car l’autre se serait fait attaquer et dépouiller pour un si beau vêtement.
- J’ai coupé mon manteau en deux car, pour respecter les autres, il faut savoir rester digne, ma nudité aurait peut-être choqué les autres croisés sur mon chemin et le pauvre n’aurait pas accepté mon cadeau.
 
- J'aime bien ta première  réponse Martin,   je m’imagine bien l'autre pauvre,  nain et maigrichon  s'empêtrer dans son grand manteau et se péter le genou!  Mais, soyons sages,  il faut rester digne en toute circonstance,  tu dois être là pour me montrer le droit chemin sans cul de sac, sans impasse !
 
  Ta troisième solution est certainement digne de toi Martin ! Dilemme de notre société où il faut savoir aider  en respectant la dignité de celui qui est dans le besoin et en essayant de ne pas étaler sa propre richesse... Quelle belle leçon d'humanité!  St Martin là-haut doit être content et fier de toi.
 
Dans un murmure j’ai entendu : « mais je suis St Martin… »
 
Alors une chose étrange s'est produite, le pauvre s'est levé, sur ses épaules un très grand manteau noir, à ses pieds de bonnes chaussures noires sur sa tête un béret noir,  son visage doux à la barbe blanche souriait, il m'a regardée  avec insistance et tendresse puis il m'a tendu la main, puis donner la main,  puis m'a accompagnée jusqu'à l'Hôtel du Nord, vous savez celui où Arletty avait dit: « Atmosphère atmosphère est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère."
L'atmosphère était vraiment bizarre et ouatée difficilement explicable et là, il a levé les yeux au ciel.
 
St Martin alors est arrivé au galop sur son cheval, l'abbé Pierre (car c'était bien lui, vous l'aviez reconnu ?) l'abbé Pierre se mît à genoux, pris dans sa poche une petite baguette (magique?) et me montra les 11 lettres écrites en bleu ciel.
C'est alors qu'on vit un immense éclair on  entendit un énorme coup de tonnerre  on sentit la foudre tomber sur le bâtiment. Je n'ai pas eu peur j'étais bien
Puis le calme le silence total,  un énorme arc en ciel protégeait comme un toit le grand hôtel.
Les 11 lettres bleues avait disparu remplacées par 14 lettres neuves et claires: Hôtel du Paradis.
Une flèche indiquait de quel côté se trouvait le trésor, là au pied de l'arc en ciel  et une autre flèche indiquait une immense arche porte d'entrée. Je pouvais lire sur le fronton très républicain : «  entrez vous êtes libres, égaux et tous frères, ce lieu est pour vous,  vous pourrez vous y réchauffer, dormir, vous cultiver,  nourrir, aimer, échanger ou simplement souffler. Entrez je vous en prie. »
À l'intérieur il y avait déjà du monde de tous les temps, toutes les époques, toutes les races, toutes les religions, toutes les vérités, toutes les philosophies, tous les métiers,  tout le monde était là tranquille heureux mais j'ai remarqué qu'aucun avait de certitudes.
Je voulu à nouveau questionner St. Martin, il avait disparu.
Je voulu remercier l'abbé Pierre, lui aussi, disparu.
Alors je suis entrée pour évacuer toutes ces émotions.
On ne m'a rien demandé mais on m'a souri et dit bonjour, « vous êtes pâle reposez vous buvez un peu de thé à la menthe mangez des figues ou des pommes des galettes de sarrasin buvez du vin de noce ou de l'eau clair, manger du poisson de l'agneau du porc ou du veau. Prenez votre temps ici l'histoire est écrite pour nous tous. »
Je me suis installée ici, j'y suis toujours,  je vous y attends non pas pour refaire le monde mais juste pour le regarder et remercier.



st-martin.jpg
 
 
Jamadrou



jill billIl y a 12 jours

Qui remplace ces humanistes disparus aujourd'hui... quel nom mettre dessus... Thérésa, Emmanuelle, Pierre....

 
 

NounedebIl y a 12 jours

Ah! Ah! Excellent...M'aurais-tu décidée à passer la porte d'un de ces lieux mythiques où je n'ai jamais pénétré?

jamadrouIl y a 12 jours

merci Nounedeb, je t'attends.

 

MonyIl y a 10 jours

Un conte, une fable, un brin d'humanité. J'aime !

 
 

thérèseIl y a 9 jours

J'aime bien ! ça laisse rêveur


 
Deuxième texte inspiré par la même photo

15 septembre 2013

 

Mon bon Monsieur Pascal votre Miquette c’était, je crois, ma mère.
 
Quant à mon père, elle ne savait pas où il se trouvait. Quand je la questionnais, elle me disait : «  ton père est un homme en quête d’amour, il est beau et puissant, fier et conquérant, il m’a aimé à sa façon. Pense à lui comme l’homme universel, il est un peu tous les hommes de la terre.
 
Ces hommes qui ont tant besoin des femmes ! De leurs épaules pour se reposer, de leurs seins pour toujours aimer  leur mère, de leurs bras pour les enlacer, de leur bouche pour les goûter, de leurs oreilles qui écoutent le bruit des baisers, ces oreilles qui comprennent le fond de leurs pensées sans même qu’ils aient besoin de parler.
 
Les hommes ont vraiment besoin de nous pour exister, ils ont besoin de sentir, de toucher la fleur, ils ont besoin d’entrer, ils ont  besoin de jouir et de nous faire jouir.
 
Ils ont besoin de croire qu’ils sont uniques et performants.
 
Tu seras femme ma petite et ton homme, je suis certaine que tu sauras l’aimer. »
 
J’étais si petite, si jeune que je n’ai pas bien compris ce qu’elle me racontait.
 
Mais déjà, avec ses mots, j’aimais tous les hommes et comme ce père que je n’ai pas connu, je suis partie à la quête du bonheur, à la quête de l’amour.
 
Et je l’ai trouvé cet homme bonheur, tel que ma mère me l’avait décrit.
 
Cette mère dont je suis si fière, qui partait travailler à la BNA (banque nationale d’amour) très tôt le matin et qui rentrait très tard le soir, épuisée mais heureuse de me retrouver, douchée, en pyjama et mes devoirs bien faits. Le jeune étudiant en philosophie qui s’occupait de moi à la sortie de l’école et qui le matin m’y accompagnait, était très efficace !
 
Il dormait à la maison pour être sur place quand maman partait.
 
Je n’ai jamais vraiment su où il dormait… Dans notre appartement il n’y avait que deux chambres.
 
Le dimanche, maman était là toute la journée, elle me disait : «  le dimanche c’est sacré. »
 
Les petites vacances, j’allais chez tonton Jean et les grandes vacances chez tonton Paul.
 
En été maman se reposait une semaine, nous allions chez tonton Jacques.
 
La suite de ma vie, vous la connaissez Monsieur Pascal. Le bonheur je l’ai rencontré, l’amour je l’ai construit, mon homme je l’ai vraiment dans la peau !
 
Un jour je lui ai dit :
 
« L’homme que tu es a fait de moi une femme, la femme que je suis a fait de toi un homme merveilleux. »
 
Savez-vous ce qu’il m’a répondu ?
 
« Aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction. »
 
Et nous avons regardé dans la même direction : nous avons créé un Grand Hôtel Bleu pour tous les mal aimés de la terre, un hôtel bien particulier que nous avons appelé Hôtel du Paradis. Le gardien s’appelle Pierre, c’est lui qui a la clef. Il fait entrer tous ceux qui ont manqué d’amour.
 
C’est un lieu d’écoute, de partage, de câlin, de lecture, de silence, de chaleur, de tendresse…
 
Ceux qui passent par là ont du mal à repartir mais ils y ont appris le partage  alors ils acceptent de laisser la place à d’autres mal aimés.
 
Vous savez Monsieur Pascal, nous avons pu faire tout cela grâce au travail de maman à la BNA, quand elle est partie sur l’autre rive, elle  m’a laissé une jolie somme et grâce aussi à mon mari qui s’appelle Rockfeller,  Jama Rockfeller…
 
(Une citation de ? et l’autre de Saint-Exupéry)
 
 
Jamadrou.

Commentaires

  • Carole

    1 Carole Le 02/10/2013

    Merci, Jamadrou, j'ai beaucoup aimé. Ton saint-Martin chevauche loin du côté du bien et de la bonté.
    jamadrou

    jamadrou Le 02/10/2013

    Merci Carole Ce saint et le St. Patron de mon village Sa vieille fresque sur le mur d'une maison de mon village a laissé de douces traces pastel dans mes souvenirs.
  • Sabine la pèlerine

    2 Sabine la pèlerine Le 03/12/2013

    Bonjour ma barbouilleuse au grand coeur !

    Je n'ai pu aller sur les deux liens que tu as laissés en commentaire sur mon blog, mais je suis toute aussi heureuse de venir me réchauffer ici, à "l'hôtel du coeur" !

    Ton récit, émouvant à souhait, fait un merveilleux conte pour Noël (c'est le second, ainsi plein d'humanité, que je rencontre aujourd'hui sur les blogs.)

    Nous faisons toujours des rencontres "capitales", qui changent nos vies, nos chemins ou, du moins, les illuminent .....
    A ce titre, nous avons rencontré cet été, sur le Compostelle alsacien, des prêtres ouvriers "somptueux" qui nous ont renforcé dans nos convictions, ont donné un vrai sens aux multiples "appels" qui naissaient déjà en nous ...

    Je t'embrasse, ma barbouilleuse, avec tendre-liesse : sabine.
    jamadrou

    jamadrou Le 03/12/2013

    Merci Sabine pour ce partage J'espère que ta santé est au mieux bisou

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