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À G... 

 photo JD  Briançon

Brian

 

 

 

Il est pour tout mortel, soit que, loin de l'envie, 
Un astre aux rayons purs illumine sa vie ; 
Soit qu'il suive à pas lents un cercle de douleurs, 
Et, regrettant quelque ombre à son amour ravie, 
Veille auprès de sa lampe, et répande des pleurs ;

Il est des jours de paix, d'ivresse et de mystère, 
Où notre cœur savoure un charme involontaire, 
Où l'air vibre, animé d'ineffables accords, 
Comme si l'âme heureuse entendait de la terre 
Le bruit vague et lointain de la cité des morts.

Souvent ici, domptant mes douleurs étouffées, 
Mon bonheur s'éleva comme un château de fées, 
Avec ses murs de nacre, aux mobiles couleurs, 
Ses tours, ses portes d'or, ses pièges, ses trophées, 
Et ses fruits merveilleux, et ses magiques fleurs.

Puis soudain tout fuyait : sur d'informes décombres 
Tout à tour à mes yeux passaient de pâles ombres ; 
D'un crêpe nébuleux le ciel était voilé ; 
Et, de spectres en deuil peuplant ces déserts sombres, 
Un tombeau dominait le palais écroulé.

Vallon ! j'ai bien souvent laissé dans ta prairie, 
Comme une eau murmurante, errer ma rêverie ; 
Je n'oublierai jamais ces fugitifs instants ; 
Ton souvenir sera, dans mon âme attendrie, 
Comme un son triste et doux qu'on écoute longtemps !

Victor Hugo 1823.
 



 

 

 

Commentaires

  • jill bill

    1 jill bill Le 16/12/2013

    Pour la personne aimée qui appréciera là où elle se trouve, jill
    jamadrou

    jamadrou Le 16/12/2013

    Merci Jill Ton papa aussi ...

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